JULES BESSI

J’ai été étonnée de pas trouver grand-chose sur Jules BESSI malgré l’importance de son œuvre.
 
La ville de Nice lui a bien consacré une rue dans le quartier de l’ARENAS, qui va du Boulevard René Cassin à l’avenue Jules BELLEUDI. Cette petite rue mène actuellement à la voie rapide quand on quitte la promenade après l’aéroport. Déjà c’était un signe, car cette rue est complètement loin du centre-ville.
En 1936, 28 ans après sa mort, au vu de l’annuaire, la ville de Nice avait donné son nom à un chemin qui allait de l’avenue Valrose au chemin de Brancolar. Il ne m’a pas été possible de savoir quand la rue à son nom lui a été dédiée mais ce fut après 1938.
 
Il semble depuis avoir été quasiment oublié. Certains sont oubliés plus vite que d’autres sans qu’on sache vraiment pourquoi. C'est la raison pour laquelle j'ai entrepris de remédier à cette injustice.

Biographie

Jules Antoine BESSI naquit à Nice le 9 mars 1844 de Jacques, cafetier et Madeleine MANTERO, marchande de vin. Il meurt à l’hôpital St-Roch le 9 octobre 1908. Il avait 64 ans. Sur son acte de décès il est fait mention de sa profession comme « sous-archiviste à la Préfecture ». D’après l’éloge funèbre lu par un de ses collègues dans le Petit niçois du 11 Octobre 1908, il entra à la Préfecture en 1882 et il y resta 26 ans. La modestie de sa fonction en tant que fonctionnaire avait même effacé le fait qu’il était en fait un grand poète, chansonnier et écrivain.
 
Il s’était marié avec Thérèse Julie BESSI le 15 mai 1866 à Nice.
Thérèse était une cousine proche puisque le père de Jules et celui de Thérèse étaient frères, l’un né en 1799 et l’autre en 1807.
Ils eurent une fille Marianne née le 18 avril 1867 à Nice et un fils Jules Jacques Michel né le 18 mars 1869.
 
A son mariage en 1866 et à la naissance de sa fille en 1867, la profession indiquée pour Jules Bessi est celle de « commis » et à la naissance de son fils 2 ans après c’est « marchand ».
 
Il était niçois depuis toujours, c’est-à-dire au moins 11 générations. Les BESSI de sa branche n’ont jamais quitté Nice depuis le début du XVIè siècle. Ils se sont toujours mariés entre familles niçoises. Voici dans l’ordre descendant les mariages notés:
·         Thomas BESSI fils de Barthélémy et Jeannette SUCHET avant 1576
·         Jean Barthélémy BESSI et Jeannette BERMOND le 16 janvier 1622 à Nice
·         Louis BESSI et Philippine SEASSALE le 9 janvier 1639 à Nice
·         Marc Antoine BESSI et Dorothée PIN 30 décembre 1675 à Nice
·         Barthélémy BESSI et Louise SEASSALE le 26 novembre 1701 à Nice
·         Jean André BESSI et Marie Dorothée GIOAN le 23 janvier 1737 à Nice
·         Jean Antoine BESSI et Marie Françoise MUSSO le 25 janvier 1761 à Nice
·         Jean Antoine BESSI et Claire MARTIN le 30 janvier 1799 à Nice
·         Jean Jacques BESSI et madeleine MANTERO le 28 mai 1843 à Nice (seule étrangère puisque née à Menton…)

Opinions politiques et artistiques sur Jules BESSI

J’ai tenté de rassembler ce qu’on dit de Jules BESSI à ce jour d’après quelques documents disponibles (en numérique ou papier):
 
1.       Journaliste, écrivain, pamphlétaire et poète niçois, né et mort à Nice (1844-1908) où son père Jacques était cafetier.
En 1868, en collaboration avec François GUISOL il créa le journal satyrique »la mensonighera ». Fâché par la suite avec François GUISOL, il fonda seul « la bugadiera » publié en dialecte niçois de 1872 à 1877. Il a beaucoup écrit, notamment des guides, des biographies, des anecdotes historiques en plus de ses œuvres poétiques, parmi lesquelles (…).
Il finit sa carrière comme sous-archiviste aux archives départementales.[1]
 
2.       Au même moment, l’hebdomadaire La Mensoneghiera, fondée en 1868 et dirigé par un petit commerçant, Jules Bessi, développe un nouveau type de discours particulariste. Partisan de François Malausséna, de l’Empire et de l’annexion à la France, il tient en effet un discours hostile aux « Français d’outre-Var ». Ces derniers sont ainsi accusés de vouloir « absorber l’esprit local », « oblitérer le respect de nos mœurs et de nos coutumes », « proscrire notre langage », ou « détruire et dénaturer les traditions de notre belle histoire ». L’auteur emploie donc des arguments linguistiques, historiques et « culturels ». Il ne définit cependant pas ce qu’il entend par « esprit local » et ses accusations, assez vagues, répondent vraisemblablement aux maladresses des agents de l’administration et au discours du Journal de Nice, quotidien officiel et assez critique envers la municipalité. Cet organe, rédigé par des « Français d’outre-Var » est d’ailleurs accusé par l’administration de manquer de tact. Le particularisme de Jules Bessi est néanmoins original, puisqu’il est à la fois fortement affirmé tout en demeurant bonapartiste et partisan de l’appartenance à la France. En cela, il paraît proche du bonapartisme libéral, hostile à la centralisation excessive de l’Empire.[2]
 
3.       André Compan a consacré 4 articles majeurs, disponibles sur le site de nice-historique http://www.nicehistorique.org/à la presse dialectale niçoise au XIXè siècle.

  • 1954(64) :23-40
  • 1955 (64) : 110-117
  • 1956 (64) : 44-59
  • 1957 (64) :43-52

Il s’est longuement attaché à étudier les écrits de Jules BESSI et les discussions avec François GUISOL par presse interposée. Guisol fut le premier à créer un journal en niçois « la mensoneghiera » (la menteuse) en 1854. C’est un journal très politisé, anticlérical, qui défend les intérêts économiques des niçois (défense du port-franc, baisse des impôts). En 1868 Guisol fait paraître une nouvelle « Mensoneghiera » et s’adjoint Jules BESSI comme rédacteur en chef. André Compan décrit un « esprit fin et mordant, maniant avec aisance le français et le niçois ». Le journal devient bilingue. André Compan examine l’oeuvre de Jules BESSI (Nice Historique, 1955, page 115).
Jules Bessi lance une nouvelle feuille en niçois qui dura 5 ans « la Bugadiera » (la lavandière) avec en sous-titre « Lava touti le semana lou linge brut dei mensonighi » (lave toutes les semaines le linge sale des menteurs) qui sortira jusqu’en septembre 1877. André Compan se plaint (Nice-Historique 1955, page 117) de n’avoir pu en trouver que quelques exemplaires, donc je doute aujourd’hui que la situation se soit améliorée.
Les idées de Jules BESSI sont étudiées dans l’article publié en 1957, (page 46 et suiv) à propos de la graphie du niçois. Il exposera ses recherches dans la mensoneghiera sous forme de 2 séries d’articles publiés de janvier à avril 1869 :

  • Observations sur le patois de Nice
  • Observations sur le dialecte roman-provençal de Nice

André Compan remarque « alors que L’ancien poète-ouvrier se contente d’écrire au petit bonheur et selon l’inspiration rudoyante qui le domine (GUISOL), BESSI plus racé, ne veut pas entériner la déchéance de ce dialecte, qui ne doit pas seulement l’instrument de grasses plaisanteries et de conversations de comptoirs » (Nice-Historique, 1957(64) ; page 47) et termine son article par la phrase « Bessi a le grand mérite d’avoir rendu aux niçois la fierté de leur langue ».
 
4.       A deux reprises, Bessi et Guisol se séparent, ce qui donne l’occasion à Jules Bessi de publier deux feuilles bilingues qui ont pour emblème Catherine Ségurane et comportent des chroniques locales, des articles politiques et des poèmes. André Compan tire les conclusions suivantes : « avec la fin de la seconde Mensoneghiera et la naissance de la Bugadiera une période originale du journalisme dialectal niçois est révolue : celle de la publication à tirage limité, monopolisant la tradition niçoise. Désormais s’ouvre l’époque des luttes politiques où les journaux niçois d’opinions différentes, antagonistes même, vont durement s’affronter : la verve y gagnera en saveur ce que la langue et la culture perdront en profondeur ». [3]
 
Le Petit Niçois du 11 octobre 1908 rapporte les obsèques avec le discours prononcé par un de ses collègues archivistes. Celui-ci se contente de louer les qualités professionnelles de Jules BESSI en tant qu’archiviste « passionné pour son métier » qui a mis de l’ordre dans le patrimoine, mais rien sur ses oeuvres. Il nous livre néanmoins quelques informations sur sa personnalité en louant son « affabilité, son dévouement, sa modestie et ses qualités de cœur ».
L’éclaireur du 10 octobre 1908 rapporte les obsèques en insérant une photo de son portrait et écrit « le poète niçois dont la génération actuelle a quelque peu oublié les compositions mais qui se recommande aux fervents des choses de notre ville par des études historiques appréciables ». Il indique qu’il y a eu une grande affluence de personnes parmi lesquelles on retiendra en particulier Menica Rondelly, Guisol, Clerissy, le chevalier De Cessole, Brès, des membres de l’Academia nissarda, etc.
 
Ce que l’on peut retenir de ces textes qui nous restent c’est que BESSI avait une position un peu difficile à tenir à son époque. En effet, il était bonapartiste, pour l’annexion à la France, mais défenseur du particularisme niçois. Or, beaucoup d’intellectuels niçois étaient tout de même plus ou moins séparatistes. Lui avait pris le parti de l’annexion bien que grand partisan de Garibaldi et clairement anticlérical.
 
C’est assez compliqué à comprendre de nos jours car les camps politiques ont changé mais sa séparation de GUISOL sans pour autant se rapprocher des séparatistes a dû le mettre sur la touche.
 
Il faut dire qu’il s’était engagé ouvertement dans les campagnes électorales par le biais de poèmes notamment.

[1] « Les voies de Nice » Roger Isnard, les éditions du Sourgentin 1981
[2] « Les enjeux d’un discours. Particularisme et politique à Nice de 1860 à 1900 » Henri Courrière, Cahiers de la Méditerrannée, https://journals.openedition.org/
 
[3] La presse dialectale niçoise au XIXè siècle » André Compan, Nice Historique, 1954, La seconde Mensoneghiera, p 117, cité par Christine BOVARI « La ratapignata", Serre éditeur 2002

L'oeuvre de Jules BESSI

En cherchant sur le site de la bibliothèque municipale de Nice (BMVR) et sur la Bibliothèque Nationale de France (Gallica) on peut dresser la liste des documents dont Jules Bessi fut l’auteur.
J’ai relevé toutes les œuvres disponibles dans les bibliothèques, essentiellement celle de la BNF via Gallica et celle de la BNVR celle de Nice. Aux AD des Alpes-Maritimes, paradoxalement il n’y a pas grand-chose, sauf des exemplaires de la BUGADA difficiles à trouver. Je trouve cela paradoxal car vu l’importance de l’œuvre je n’ai trouvé aux archives départementales que quelques-unes de ses oeuvres. Heureusement qu’il n’est plus là pour faire ce constat, car lui, qui le jour de son enterrement a été montré en exemple pour avoir mis de l’ordre dans les archives départementales, il n’est que peu référencé dans le moteur de recherche du site des archives.
 
Ses écrits s’étendent de 1866 à 1907.
J’ai pu recenser :

  • 158 poèmes, chansons ou recueil de chansons et de poèmes en français ou en niçois
  • 3 livres
  • Un journal 

Les poèmes, chansons, articles et scènes

128 ont été notés sur le catalogue de la BMVR (Bibliothèque municipale à vocation régionale) et 30 sont directement disponibles sur GALLICA au format numérique. Seuls 58 textes sont en français et tout le reste est en niçois. . Il a écrit quelques louanges à l’occasion de mariages notamment. Il a aussi écrit des articles historiques et quelques petites pièces de théâtre.

  • 89 textes tiennent en une seule page. Il s’agit autant de poèmes que de chansons dont la plupart étaient « sur l’air de … ». Il n’était pas compositeur mais s’est quelquefois associé à des musiciens22 textes ont de 2 à 10 pages
  • 28 textes ont de 11 à20 pages
  • 12 textes ont de 21 à 70 pages
  • 2 recueils de 103 et 104 pages
  • 5 textes sans précision du nombre de pages

 
J’ai recensé 13 chansons dont 4 en français mises en musique par un compositeur. Je n’ai néanmoins trouvé aucune partition et peu de renseignements sur les compositeurs notés à savoir CERUTI, D. GIOAN, P . LEA, G. ORSINI, Maesto V…, J. Cesar PELLEGRINI, P.B., D. DONIZETTI, Ignassi FEA, Andrea BARNOIN, R. PETILLO. D’après les quelques recherches effectuées, tous ces musiciens sont restés inconnus à ce jour sauf éventuellement Raffaele PETILLO, s’il s’agit bien de lui. Parfois seules les initiales sont notées.
 
La liste des chansons figure dans le tableau ci-dessous. Un lien vers la référence du document sur le site de la BMVR est indiqué sur la dernière colonne. Un document est disponible sur GALLICA ainsi que 3 recueils de chansons et poèmes.

La partensa per Cagna : canson nouvela - Ceruti, compositeur
1869
Caisson et Mignon imprimeurs Nice
1 page
Chanson
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4355274/la-partensa-per-cagna-canson-nouvela
 
 
Fèble omage de recounouissensa, lou 13 Giulliet 1873 au très-cher frère Salutaire depuis 21 ans Directeur des Ecoles chrétiennes à Nice : Canson Nissarda - Gioan, D.. Musicien
1873
S.n.. Nice
1 page
Poème
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4310070/feble-omage-de-recounouissensa-lou-13-giulliet-1873-au-tres-cher-frere-salutaire-depuis-21-ans-direc
 
1888 Canson carnevalesca ! : Musica de P. Lea, compositeur - Nadaud, Gustave (1820-1893).
1873
Impr. administrative. Nice
1 page
Chanson
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4349189/1888-canson-carnevalesca-musica-de-p-lea
 
Carneval de 1874 : Canson nissarda - Orsini, G.. Compositeur
1874
Impr. Gauthier. Nice
1 page
Chanson
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4348458/carneval-de-1874-canson-nissarda

Poésie et chant à l'occasion de la fête du très-cher frère salutaire Directeur des Ecoles chrétiennes : 13 juillet 1874. La festa de la recounouissensa : musica doù maestro V***Ammirati, Jacques (1808-1891) Co-Auteur
1874
Cauvin et Cie, Nice
1 page
Poème
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/2628600/poesie-et-chant-a-l-occasion-de-la-fete-du-tres-cher-frere-salutaire-directeur-des-ecoles-chretienne
 
Lou 13 Giulliet 1875, canson nissarda per la festa doù Caro Fraire Salutaire, despi vint'an, Diretour de li Escola Cristiani di Nissa : Musica de Don Gioan - Gioan, D.. Musicien
1875
impr. de Gilletta. Nice
1 page
Chanson
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4310054/lou-13-giulliet-canson-per-la-festa-dou-caro-fraire-salutaire-despi-vint-an-diretour-de-li-escola-cr

Les malheurs d'un troubadour (musique J. César Pellegrini)
1875
Gilletta
6 pages
Scène comique
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55266792.r=%22JULES%20BESSI%22?rk=515024;0
 
La Partensa per Contes de la soussieta corala nissarda : canson mesa en musica da P.B.. A l'occasion doù Fest…
1877
impr. de Gilletta. Nice
1 page
Chanson
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4355417/la-partensa-per-contes-de-la-soussieta-corala-nissarda-canson-mesa-en-musica-da-p-b
 
 
Lou Festin de Levens : Lou 5 e 6 settembre 1880 - Donizetti, D.. Compositeur - Francois, Mathieu. Chef d’orchestre
1880
impr. de Gilletta. Nice
1 page
Chanson
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4355587/lou-festin-de-levens-lou-5-e-6-settembre-1880
 
Carneval de 1881 : Lu infan de Carneval : Canson nissarda - Delemonti, A.. Chef de choeur - Rosset, L.. Chef de choeur - Fea, Ignassi. Compositeur
1881
impr. de Gilletta. Nice
1 page
Chanson
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4348959/carneval-de-1881-lu-infan-de-carneval-canson-nissarda
 
La Partensa per lou Cros-de-Cagna : A l'occasion dau sieu festin, lou 2 Giulliet 1882 - A Barnoin, Andrea. Compositeur
1882
Berna-Barral. [Nice]
1 page
Poème
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4355372/la-partensa-per-lou-cros-de-cagna-a-l-occasion-dau-sieu-festin-lou-2-giulliet-1882-aria-nouvella
 
La Partensa per Sant Isidoro : Lou 19 aoust 1882 Marciani, Gian-Battista. Chef d’orchestre Vieil, Domenica. Chef d’orchestre
1882
Berna-Barral. [Nice]
1 page
Chanson
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4355479/la-partensa-per-sant-isidoro-lou-19-aoust-1882-aria-nouvella

Politeama !  - Petillo, R.. Compositeur
 ? éditeur
S.n.. Nice
1 page
Chanson
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/4359275/politeama
 
Hymne au Drapeau de la France et de la République : fête nationale du 14 juillet - Albertin, Oscar. Chef de chœur et Pellegrini J César, compositeur
? éditeur
? année
? pages
Chanson
http://www.bmvr.nice.fr/EXPLOITATION/doc/ALOES/3552867/hymne-au-drapeau-de-la-france-et-de-la-republique-fete-nationale-du-14-juillet
 

Les livres

J’ai noté 3 livres dont Jules Bessi a été l’auteur principal. Ils sont tous en français.
Le guide des étrangers, réédité plusieurs fois et dont il existe plusieurs versions qui semblent aller de 1873 à 1890
• Biographie ancienne et moderne des poètes niçois, éditée en 1894. Cet ouvrage a été réédité 2 fois en 1999 et 2006 chez Alandis
Almanach niçois pour 1876, édité en 1876

Il a aussi collaboré à d’autres ouvrages non recensés ici

Le journal

En Octobre 1872 il crée un journal « La Bugadiera, giornal satiric nissart en lingua nissard », hebdomadaire qui paraîtra jusqu’en septembre 1879. Il renait de 1896 à 1898 avec une parution bi-hebdomadaire..

Les thèmes abordés

Les questions politiques tiennent au rôle important dans les textes de Jules Bessi. Il n’avait que 16 ans au moment de l’annexion, mais sa vie s’est déroulée dans une situation houleuse à Nice au plan politique. Les recherches historiques sur l’histoire locale l’ont beaucoup intéressées. Parmi les chansons, celles en hommage au vin et à l’amour arrivent en tête, ce qui révèle sans doute son caractère hédoniste bien que très concerné par les idées politiques.

Voici une liste de thèmes qui reviennent assez souvent :

• Garibaldi. Il a loué à plusieurs reprises le héros et s’est aussi engagé en rédigeant un texte pour financer l’érection d’une statue.
• Catherine Ségurane
• La langue niçoise
• Carnaval
• Patriotisme français
• Anticléricalisme
• Biographies de personnages niçois comme Risso, Auguste Gal, François Malaussena, Alexandre de Saint-Pierre
• Les élections. En 1869, 1870, 1871 et 1881, il s’engage politiquement dans les élections à un moment où tous les niçois se posent des questions face à la proclamation de la République en France. Séparatistes et particularistes prennent parti. En 1881, il appelle les niçois à voter pour le républicain LEFEVRE

Les recherches historiques

L’acte de donation de l’ancien Comté (1889,24 pages),
Cimiez (1895,23 pages),
Petit dictionnaire historique et biographie des noms niçois (1900, 34 pages),
Entrevue à Nice du roi François 1er et du pape Paul III (1901, 13 pages),
Actes de catholicité déposés aux églises de l’ancien comté (1904, 11 pages),
La question de Nice (1871, 15 pages),
• La tour Bellanda (1896, 8 pages),
Consuls, syndics et maires de la ville de Nice (1898, 16 pages),
Préfets, Présidents du Conseil Général et conseillers généraux (1899, 14 pages),
La noblesse niçoise : inféodations des localités du Comté de Nice de 1617 à 1791 (1900, 16 pages). Il s’agit d’une simple énumération de terres avec leur inféodation à un noble. Ce petit document a été rédigé à partir du registre des insinuations sardes. Il semble exister un autre volume sur la noblesse niçoise avec les dates 1808-1885 mais je ne l’ai pas consulté ; peut-être est-ce le même.

Les éloges à l'occasion de mariages ou fêtes

Voici les noms de ceux qui figurent en titre de ces documents :
Jean Piccinini, Angioletta D’Alberti, Gastaut, Ernest Toselli, D. Lubonis, Sauveur Ricci, Mlle Adami-Budel, Ugo Talbo, G. Tagliapietra, Pierre Faraut, Hyginius Tiranty, Camille-Frédéric-Gabriel-Emile de Orestis di Castelnuovo, M. le prince Roland Bonaparte, Marie-Amélie Defly, Rose-Appolonie-Augusta-Joséphine Chauvain, Léon Féraut, Poullan Andrea, Victorine Michaud de Beauretour, Charles Roissard De Bellet, Raoul Gunsbourg, Adélaïde-Marie-Anne-Pauline-Ida Roissard de Bellet, Funel de Clausonne, Chevalier Victor de Cessole, Frédéric Faraut, Le Comte François Alziary de Malaussena, Louise Maunier, Théodore Gasiglia, Madame veuve Arthur Malaussena
Un éloge à une actrice niçoise qui fit carrière en France : Honorine. Ce texte est signé de Papa Jupin, pseudonyme de Jules BESSI

Les scènes de théâtre

  • La malheur d’un troubadour : histoire d’un garçon qui s’éprend d’une jeune fille et qui sous la pluie chante sous sa fenêtre en espérant qu’elle se montrera. Elle lui jette une pièce de monnaie.
  • Amour e couïna (l’amour et la cuisine) : comédie en un acte et en vers. Lisa veut se marier. Son père Loubulo veut la marier. Ventabren veut l’épouser et le père lui donne comme défit de donner la recette du secret immortel de Vatel (célèbre grand cuisinier). En réponse il donne la recette de l’estocaficada (stockfish) d’après Rancher. C’est Batestin son cousin qui avec la vieille recette du rôti de Touroutoutella (tourterelle ?) obtient la main de Lisa car le plat plaît au père. On remarquera que Batestin est amoureux de sa cousine, comme Jules le fut de la sienne.
  • L’abat amourous (l’abbé amoureux) : Ernestina est veuve et aimerait se remarier. Don Papagau est un jeune abbé qui vient rendre visite à Ernestina pour lui déclarer son amour mais Ernestina le raille.

Les chansons et poèmes

Parmi les nombreux titres, j’ai pu lire les titres suivants :
- Rosita (en français) : Chanson d’un amant éconduit qui apprend la mort de sa bien-aimée
- Le baiser (en français) : Toutes les circonstances du baiser
- Soyons sage (en français) : Chanson louant les vertus du vin
- Vivons au jour le jour (en français) : Chanson hédoniste louant les vertus du présent
- La marguerite (en français) : chanson qui fait l’éloge de cette fleur
- L’oiseau de ma Lisette (en français) : Lisette sa bien-aimée lui offre un oiseau. Elle le trompe et l’oiseau meurt
- Rêverie (en français) : Déclaration d’amour à sa bien-aimée qui le délaisse
- Refrain de chaque jour (en français) : Chanson à la gloire du vin
- Cantate à Napoléon III (en français) : Chanson à la gloire de Napoléon III
- Une larme à Maximilien (en français) : Chanson à la gloire de Maximilien d’Autriche
- Tais-toi mon cœur (en français) : Chanson sur les déceptions de l’amour
- Perfide amant (en français) : Chanson sur un amoureux évincé
- Aimer (en français) : chanson sur le thème universel de l’amour
- Le naturaliste (en français) : Chanson originale sur un grand nombre d’animaux associés aux hommes par leurs vertus et leurs défauts
- Ma chanson (en français) : Chanson hédoniste à la gloire du vin
- Le buveur (en français) : Chanson hédoniste à la gloire du vin et de l’amour
- La France et l’Italie (en français) : Chanson à la gloire de Napoléon III qui a ramené la paix aux pays
- L’été (en français) : Poème qui célèbre la Nature en été
- Mes vingt ans (en français) : chanson à propos de Lisettte qu’il a aimé et qui l’a quitté
- La rose (en français) : Chanson qui assimile la rose à la femme
- Le tombeau de Jenny (en français) : Poème sur la vie, la mort
- La chanson de tous les jours (en français) : Chanson à la gloire du vin
- Je pleure ma mère (en français) : Chanson où il se lamente sur la mort de sa mère
- L'hirondelle (en français) : Chanson à la gloire de l’oiseau symbole du printemps
- Mon rêve d'amour (en français) : Chanson qui sous forme d’un rêve est une déclaration d’amour
- Le distrait (en français) : Chanson d’un homme distrait qui se moque de lui-même
- Lisa la dormeuse (en français) : Chanson d’amour
- Chanson philosophique (en français) : Chanson à la gloire du vin et de l’amour
- La garda mobile (en niçois) : Chanson qui encourage les niçois à s’engager dans la Garde mobile pour faire flotter le drapeau tricolore. Il se réfère au Général Massena et à Garibaldi et il écrit « Se sien frances, sien nissart avan tout ! » (si nous sommes français, nous sommes avant tout niçois)
- Conseil aux amants (en français) : conseils de consolation à un amant délaissé
- Hymne à l'être suprême (en français) : Compliqué à commenter
- Le drapeau français (en français) : Hymne à la République française
- La Pologne (en français) : Chanson en hommage au peuple polonais
- Les plaisirs de la vie (en français) : Chanson dédiée au vin et à l’amour
- L’ange déchu (en français) : chanson qui semble être l’histoire d’un viol ( ?)
- La beauté d'une femme est le miroir des fous (en français) : Chanson sur l’amour mal aimé
- L’homme au masque de fer (en français) : chanson sur l’homme qui se lamente dans sa prison
- le choléra ne sévit point à Nice (en français) : Nice est un paradis sur terre car il n’y a pas le choléra
- Cela me fait plaisir (en français) : Déclaration d’amour à sa voisine
- Anita la fugitive (en français) : Chanson d’amour
- La bénédiction d’une mère (en français) : Chanson d’une mère à sa fille qui va se marier
- La cave : Chanson en hommage au vin
- La pipe (en français) : Chanson en hommage à la pipe, au vin et aux femmes
- Masséna (en français) : Hommage à Masséna – Nice ingrate
- Venise est libre (en français) : Chanson pour célébrer la paix grâce à napoléon III
- Un horrible attentat (en français) : Chanson ironique pour de l’eau versée dans du vin
- Ma patrie avant tout (en français) : Chanson qui vante le vin de Nice « le champagne et Bordeaux que partout on me cite, ne valent pas je crois par justice et par goût, la treille de saint-Roch et sainte-Marguerite, Français je suis niçois mon Bellet avant tout ».
- Le mot pour rire (en français) : Chanson en hommage au vin
- Chansons aux conteurs d’histoire (en français) : Chanson en hommage aux grands auteurs français
- Epigrammes-chansons (en français) : Chanson de rupture amoureuse
- Quelque chose ou rien (en français) : Chanson en hommage au vin
- Un peu de tout (en français) : Chanson qui déroule sur une semaine une relation amoureuse
- Chantez petits oiseaux (en français) : Chanson pour louer les oiseaux et se lamenter sur la mort de sa mère
- Chanson à mon vin (en français) : Chanson en hommage au vin qui fait oublier les amours tristes
- Idée inhumaine (en français) : Chanson en hommage au vin
- Catherine Segurana (en français) : Chanson qui rend hommage à l’héroine niçoise et qui souhaite un monument à son effigie
- Béranger (en français) : Chanson qui célèbre le poète
- Lou fanau de Villafranca (le phare de Villefranche) : le viveur (chanson en français) : hymne en hommage au vin
- La partenza per San Giouan (En partant vers Saint-Jean) : Chanson en niçois : sorte de marche vers St-Jean (Cap-Ferrat) pour profiter de la mer, pêcher, chanter. La chanson se termine « Viva Nissa nissarda ! Viva tougiou lou nouostre gran Pepin ! » (Vive Nice Nicoise, vive toujours notre grand Garibaldi)
- Lou rimaïre carotur (le poète charitable) : Poème en niçois sur le triste sort du poète
- La bella boutighiera (la belle boutiquaire) : en niçois Poème en hommage aux commerçantes.
- Lou festin de Bendegiun (le festin de Bendéjun) : Poème en niçois où l’on célèbre le chant, la danse, le vin, l’amour où l’on vient en voiture, à pied, où le vin d’ici égale celui de Bellet.
- Lou nouveu Don Basile (le nouveau Don Basile) : Chanson en hommage à un prêtre
- Plenta da metaje contra un capelan (plainte d’un métayer contre un prêtre) : Satyre en vers en niçois qui semble se moquer d’un prêtre qui aime le vin et les femmes. (Je dois avouer qu’avec mes rudiments de niçois je n’ai pas tout compris….)
- Satyra e critica (Satyre et poème) : Poème en niçois sur un prêtre
- Tau Mestre, tau garson : satira (Tel Maître, tel valet) : Poème en niçois dont je n’ai pas compris grand-chose …
- Un ome che fa lume (l’Homme qui tient la chandelle) : Poème en niçois sur un homme cocu ( ?...)
- Don Gallina : Poème en niçois sur un prêtre affublé de certains défauts.
- Lou marcian de maion et lu usurié (le marchand de maison et l’usurier) : Poème en niçois sur les riches et les pauvres …
- Lou festin de Touretta (le Festin de Tourettes) : Chanson en niçois mise en musique par D.G. ( ?) : Chanson pour accompagner les participants au Festin. Références à Segurana et à Garibaldi.
- Nissa – Canson per lou mes de Mai (Chanson pour le mois de Mai) : Chanson en niçois puis en français en l’honneur de Nice, ses montagnes et ses quartiers, sa tourte de blette, le lapin, le vin de Bellet et la salade (tout y est). Suit une strophe avec les héros niçois.
- Partenza per l’Escarena (en partant à l’Escarène) : Chanson en niçois pour accompagner les participants à la fête
- Lou Carneval de 1875 (le carnaval de 1875) : Poème en niçois dédié au Comte Caravadossi d’Aspremont qui invite à la fête, au vin aux repas, au chant et à la danse, dans la paix et le bonheur
- Lou Carneval de 1876 (le carnaval de 1876) : Poème en niçois qui appelle à participer au Carnaval au-delà des divergences de classe ou politiques et à la fin duquel il remercie le Préfet et le maire
- Garibaldi, poema en un cant en vers nissart (Garibald, poème en un chant en vers niçois) : Poème en hommage à Garibaldi, « moderne Annibal ». Ce poème est destiné à être vendu pour faire réaliser une statue. Il dénonce les détracteurs de Garibaldi qui le traitent de triste et pauvre général, d’aventurier de 1ère classe, alors que son renom égale celui du christ,

L'héritage de Jules BESSI

Il a souvent signé ses poèmes avec la formule « poeta nassionnal nissard », comme une formule humoristique car il était assez modeste.

Son style indique qu’il avait beaucoup de facilité à écrire tant en français qu’en niçois. Il maîtrisait complètement cet art en sachant se renouveler.

La question de savoir ce qu’il subsiste de l’œuvre de Jules BESSI m’est difficile à appréhender. Je pense que son influence a été importante. En effet, Il a commencé jeune à écrire puisqu’il avait 22 ans et il a par la suite publié des chansons, poèmes et livres jusqu’à la veille de sa mort. Il a donc été présent sur la scène artistique niçoise pendant 41 ans sans discontinuer car il n’y a que 2 années pour lesquelles je n’ai pas trouvé de publication, à savoir 1878 et 1894. Il s’est intéressé à toutes sortes de sujets.

Au niveau linguistique il est presque sûr que le fait qu’il ait été un niçois d’origine lui a donné une autorité naturelle dans ce domaine. Enfin, le fait d’avoir voulu créer un journal indique clairement qu’il était animé d’une volonté d’affirmer ses idées en s’affranchissant des éditeurs.

Beaucoup de mots utilisés – comme d’ailleurs ceux de Menica Rondelly – ne figurent dans aucun dictionnaire, lexique, glossaire connu, ce qui pose un problème sur la façon dont la langue été figée par la suite et employée aujourd’hui.

Il s’agirait d’analyser l’ensemble de ses œuvres en détail. Je tiens la liste de toutes les références disponibles directement sur GALLICA ou indirectement sur la BMVR à la demande de tous ceux qui s’y intéresseraient.